Les PicoReuses, un réseau expérimental de micro-fermes citoyennes

Le projet « Pico-Reuses » consiste à expérimenter à l’échelle du nord de l’Essonne (et ailleurs) un réseau de micro-fermes urbaines, associant l’élevage d’un cheptel de poules pondeuses et l’exploitation d’une surface cultivée, sur les principes de la permaculture.

Ce projet est porté par l’association Haie-Magique avec des communes partenaires, avec le soutien du Conseil Départemental de l’Essonne.

Dans chaque installation, les poules dont le nombre est strictement adapté à la surface disponible sont nourries en partie à partir des déchets organiques apportés sur le site par les familles participantes ; celles-ci sont « rémunérées » sous forme de dons d’œufs frais et à terme de légumes.

Les projets peuvent se déployer sur des surfaces comprises entre 300 et 2.500 m². Ils font l’objet d’un suivi et d’une animation tout au long du projet (0.5 ETP sur 3 ans).

Recycler les déchets organiques des familles participantes

Le projet présente une valeur expérimentale : il vise à évaluer le meilleur contexte pour installer en zone urbaine un circuit de transformation des déchets organiques en produits alimentaires à haute densité nutritionnelle, dans le cadre d’une démarche collective et citoyenne, dans le respect des animaux et de la Nature.

Le projet contribue également au lien social en zone urbaine dense et complète la démarche Développement Durable des communes participantes, en réintroduisant une petite agriculture au cœur de la ville. A plein régime, il permet de retirer du circuit plusieurs dizaines de tonnes de déchets organiques chaque année et de faire fonctionner au sein des collectivités des sites d’agriculture urbaine, riches en aménités et sources de denrées à haute valeur nutritionnelle.

En associant les communes du nord de l’Essonne autour d’un concept innovant, le projet vise également à une certaine exemplarité en matière de coopération entre des collectivités de taille différente mais unies par une étroite proximité et un patrimoine naturel en partage.

Produire dans un cadre associatif des œufs frais et des légumes

Sur les principes de la permaculture, les Pico-Reuses sont des micro-fermes installées en zone urbaine (habitat collectif ou pavillonnaire) qui associent une activité de recyclage des déchets organiques des ménages avec la production d’œufs frais et de légumes. Sous certaines conditions, la Pico-Reuse peut exploiter un point d’apport volontaire des déchets organiques ouvert au voisinnage.

Opérée par les citoyens dans un cadre associatif, la micro-ferme est une oasis verte dans le tissu urbain, un lieu d’échanges socio-culturels, le site d’activités collectives de jardinage : elle contribue à la fabrique du lien social. Les Pico-Reuses contribuent à rendre la ville résiliente et nourricière ; elles installent une boucle vertueuse en matière de valorisation des déchets organiques.

L’élevage de poules pondeuses (6 à 50 sujets selon la taille du site), se déroule en parcours libre (15 m² de parcours libre pour chaque poule). Les animaux sont alimentés par l’apport volontaire de déchets organiques et un complément alimentaire. Chaque année, la surface de parcours est alternée et mise en culture pour constituer un jardin potager.

Le micro-élevage constitue un point apport volontaire des déchets organiques des ménages : une fois en charge, le système permet aux familles d’échanger leurs déchets organiques contre des œufs frais et (à terme) des fruits et légumes. Le lieu aménagé permet de collecter les déchets des participants ou du public, de les transformer avec l’aide des poules, et d’installer un espace de culture maraichère ainsi qu’un verger de fruits et de petites baies.

L’objectif est d’installer en ville un cycle vertueux de production de protéines animales et végétales à haute valeur ajoutée sociale, tout en recyclant les déchets organiques des familles participantes. Les différentes activités sont opérées par une multitude de parties prenantes recrutées à proximité du site : familles participantes à la collecte des déchets, associations locales, publics scolaires et péri-scolaires, centre d’accueil de proximité, maison de retraite, etc.

Cet ensemble est organisé selon les principes de la permaculture, notamment la réduction des intrants, la recherche d’un écosystème équilibré, l’association et la complémentarité des fonctions de production, la recherche du moindre effort, les soins aux personnes, à la terre et aux animaux…

Une partie de la surface est allouée aux poules pour créer un parcours libre. Après un an de picorage intensif et d’apports des fientes, cette surface est labourée et dédiée à la culture. Cette rotation annuelle « poules/cultures » permet de profiter de l’amendement naturel procuré par les poules et d’éviter la surexploitation du terrain par les animaux.

Toutes les fonctions du site (recyclage, production d’œufs, production de légumes et de baies) sont interdépendantes et se confortent mutuellement. La montée en charge se fait progressivement : au bout d’un an la production d’œufs est régulière, au bout de deux-trois ans, on peut récolter les premiers légumes et des baies, après trois à cinq ans on peut envisager de récolter des fruits du verger.

Lorsque la configuration du projet le permet, la micro-ferme peut s’ouvrir au public et proposer un point d’apport volontaire des déchets organiques. Dans ce cas, les installations sont configurées en conséquence et la structure bénéficie d’un soutien particulier.

La poule, une alliée de la réduction des déchets et de la ville durable

De nombreuses communes et syndicats de traitements des ordures ménagères ont expérimenté depuis quelques années la mise à disposition des foyers de poules pondeuses, dans le but de réduire la quantité de déchets ménagers à collecter.

Il faut savoir qu’un tiers des déchets collectés auprès des particuliers est constitué par les déchets de table et de cuisine, qu’une poule est capable de consommer environ 150 kg de déchets par an ; en contrepartie, elle peut produire près de 200 œufs.

Ces expériences semblent avoir rencontré un certain succès, si l’on en juge par la demande des ménages et quelques résultats publiés à l’issue des tests (voir par exemple ici http://optigede.ademe.fr/fiche/deux-poules-pour-reduire-vos-dechets).  Toutefois, leur déploiement est limité par différentes contraintes : la nécessité de disposer d’une surface suffisante à consacrer aux poules, leur impact relativement destructeur sur le jardin d’agrément, l’obligation d’organiser la prise en charge des animaux pendant les périodes d’absence de la famille.

Ces expérimentations ont toutes été conduites à destination de foyers disposant d’un jardin et vivant en zone pavillonnaire, sur la base d’un volontariat familial. Elles restent pour l’instant hors de portée des villes à forte densité et des zones d’habitat collectif. Si leur impact en termes de réduction des déchets est indéniable, ces opérations ne présentent donc aucune valeur ajoutée sociale, dans la mesure où la démarche reste individuelle et qu’elle s’adresse à des catégories socio-professionnelles favorisées, si l’on en juge par leur habitat.

La difficulté du passage de l’échelle individuelle à l’échelle collective ne nous semble pas insurmontable, sous réserve de réunir quelques conditions détaillées plus loin. Par ailleurs, le fait d’installer des poulaillers « collectifs » ouvre d’intéressantes perspectives. Sur le plan social, la gestion des poules peut ainsi devenir une animation de quartier à vocation socio-culturelle. Ensuite, la nécessité d’organiser un parcours libre pour les poules pondeuses permet d’envisager une petite production légumière associée au recyclage des fientes.

L’idée est bien d’inciter les particuliers à apporter leurs déchets sur le site pour les échanger contre des œufs frais et à terme des légumes. Les déchets sont utilisés pour nourrir les poules ; le surplus est composté avec les fientes pour créer un substrat de culture, qui est valorisé sur le site, dans des bandes de maraichage.

D’une taille adaptée à la surface disponible, opérés dans un cadre associatif, ces micro-fermes participent au développement durable des villes qui cherchent la résilience.

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