Cet article est un extrait d’une brochure de première qualité publiée par l’ADEME et intitulée : Défis et perspectives pour des villes durables performantes : climat, énergie, environnement. On peut télécharger la publication à cette adresse.
Bien que représentant seulement 2 % de la surface du globe, les villes ont un impact considérable sur l’environnement. Elles émettent 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Leur consommation énergétique
représente aujourd’hui 75 % de l’énergie produite. Avec les milliards de citadins attendus en 2050 et un développement économique associé 4 fois plus important qu’aujourd’hui, une augmentation de 80 % de la demande mondiale en énergie est attendue d’ici 2050.
Cette hausse sera en majeure partie le fait des économies émergentes et sera couverte à 85 % par des énergies fossiles. Avec pour corollaire un accroissement de 50 % des émissions mondiales de GES et une aggravation
de la pollution de l’air. La surface urbaine augmente plus vite que la population urbaine. Cet étalement urbain
consomme des terres agricoles et naturelles. La superficie des forêts devrait se réduire de 13 % d’ici 2050. Avec pour conséquence un appauvrissement de la biodiversité, une accélération de la désertification et la perte de services écosystémiques. (Source : OCDE, Perspective de l’environnement de l’OCDE à l’horizon 2050 : Les conséquences de l’inaction, mars 2012)
(Limiter les impacts environnementaux de la ville et de son fonctionnement et assurer un cadre de vie sain)
Même si les villes suivent des trajectoires de développement différentes (certaines connaissant un taux d’attractivité très important comme Montpellier ou au contraire perdant de leur dynamisme économique comme dans le Nordest de la France), elles sont toutes consommatrices d’espace, d’énergie, de matières et de ressources naturelles, et concentrent de nombreux problèmes environnementaux tels que qualité de l’air dégradée, bruit ambiant très important, production croissante de déchets et d’eaux usées à traiter… Ces risques environnementaux observés dans les villes ont des conséquences pour la santé humaine, la qualité de vie des citadins et les performances économiques des agglomérations elles-mêmes (attractivité…).
Le métabolisme urbain lie les villes à leur hinterland ou à d’autres territoires qui les approvisionnent ou reçoivent leur excréta (pollutions, déchets), si bien que les impacts sur la qualité des milieux et la santé humaine peuvent se situer très loin des limites administratives des villes conduisant ainsi à des tensions sur les ressources au-delà de ces limites.
Limiter les impacts environnementaux de la ville et de ses fonctionnements constitue un véritable défi pour les espaces urbains, car d’une part ils concentrent les deux principaux secteurs consommateurs de ressources (énergie, espace) et émetteurs de GES – les transports et les bâtiments- et d’autre part l’étalement urbain induit de nombreuses externalités négatives (augmentation des sols artificialisés et perturbation des cycles naturels, disparition progressive des terres agricoles, hausse des dépenses nécessaires à la construction et l’entretien des réseaux, etc.).
A contrario, les villes sont également des territoires comportant à des degrés divers des gisements de ressources (espaces naturels ou bâtis,d’intérêt historique, architectural, urbain ou paysager, friches, zones écosystémiques sensibles,…) qui peuvent être protégés et mis en valeur pour améliorer la qualité de vie des habitants (espaces
publics de rencontres, aménités paysagères, ambiance, rafraîchissement, production vivrière…), tout en veillant à en limiter les impacts négatifs sur la santé (allergènes par exemple) et les milieux.
Deux enjeux se conjuguent donc : valoriser les potentiels locaux pour garantir efficacité et attractivité
territoriales et boucler les cycles internes (énergie, déchets, eau) pour rétablir l’équilibre et éviter que l’écosystème urbain ne vive encore davantage au détriment d’autres écosystèmes.
(S’adapter dès maintenant au changement climatique)
La concentration des populations dans les villes, parfois dans des territoires autrefois délaissés en raison de leur exposition à des risques (naturels, industriels…), accentue la vulnérabilité des populations, des infrastructures et des écosystèmes à ces risques de toute nature et en accroît les coûts humains et économiques en cas d’incidents.
Les systèmes urbains sont confrontés aux perturbations climatiques (inondations, canicules, îlots de chaleur). Les changements environnementaux dont certains sont observables et planifiables comme l’élévation du niveau de la mer, accentuent et accélèrent les rythmes et la violence des dérèglements ponctuels.
La concentration des réseaux techniques, des activités et des populations dans les villes, les pressions consécutives sur les ressources notamment énergétiques confrontées aux crises et catastrophes potentielles nourrissent la vulnérabilité, qui se trouve aggravée par le caractère imprévisible des dommages.
D’où la nécessité d’anticiper, de mettre en place des dispositifs permettant de garantir le fonctionnement en « mode dégradé » ou en « situation de crise » du système urbain et de ses composants. La résilience des territoires devient un enjeu majeur.
(assurer une transition écologique et sociale soutenable)
Selon les principes du développement durable, la transition vers une économie « bas carbone » et efficiente en ressources doit se faire au profit du dynamisme économique et d’une plus grande équité et cohésion sociale.
L’enjeu majeur est de préserver et de favoriser le développement local et, par-là, le maintien ou la création d’emplois pour garantir la richesse et l’attractivité du territoire (au sens de la capacité à répondre aux besoins essentiels de la population présente et future), en considérant les impacts sur les autres territoires. Il s’agit notamment de trouver de nouveaux modes de financement et de nouveaux modèles économiques permettant les
investissements nécessaires à la préservation ou à l’évolution des infrastructures existantes et/ou à la construction de nouvelles infrastructures, tout en garantissant leur fonctionnement optimal dans le temps et en veillant à ne pas induire/renforcer les inégalités sociales.
Il existe ainsi un fort enjeu de cohésion sociale pour traiter de front les inégalités sociales, sanitaires et environnementales et rendre le développement durable accessible à tous (accès aux services, à un logement…). On observe aujourd’hui un phénomène de cumul des inégalités sociales et environnementales qui se traduit au niveau de l’occupation de l’espace par le fait que les populations les plus défavorisées se concentrent à proximité des zones les plus polluées ou les plus bruyantes alors que les plus aisées résident à proximité d’espaces verts ou autres aménités urbaines.
La croissance des inégalités socio-spatiales et les problèmes liés à l’exclusion de certaines populations (à revenus modestes, handicapés, personnes âgées, migrants…) risquent d’être accentués notamment par le renchérissement des prix de l’énergie, la marchandisation des services et le rôle toujours plus important des technologies dans la vie des individus. Les nouveaux services et dispositifs techniques doivent être accessibles (physiquement et économiquement) et appropriables par le plus grand nombre.
Enfin, un dernier enjeu est celui du maintien du confort, de la qualité de vie et de l’évolution des modes de vie dans un contexte de ressources contraintes ; des démarches citoyennes inventent de nouvelles façons de « revivre la ville sur la ville » ; les pouvoirs publics incitent aux changements de comportements. Pour renforcer l’acceptation sociale de certaines mesures, comme la densification ou la mutualisation par exemple, il s’agit de convertir des mécanismes de défenses de type NIMBY (littéralement « not in my backyard», en français « pas dans mon jardin »), qui se cristallisent autour de certaines innovations, en attitudes BIMBY, « Build in my backyard » (« Construit dans mon jardin »).
L’adaptation des systèmes urbains aux aléas en particulier climatiques pose 3 types d’enjeux :
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