Les bonnes raisons de ne pas planter de haies monospécifiques

Depuis plusieurs années, les haies monospécifiques semblent prendre le pas sur la haie bocagère ou champètre dans les espaces naturels urbains. Qu’elles soient en thuyas, troènes, laurier ou bambous, les haies faites d’une seule essence se sont multipliées aux dépends des haies mélangées ; ces essences sont omniprésentes sur le territoire.

La catastrophe écologique de la standardisation des haies

Cette standardisation des haies urbaines se fait sous la pression des utilisateurs qui ont tendance à ne prendre en compte que la seule fonction occultante des haies. La volonté de s’isoler de son voisinage et de ne pas être vu de ses voisins est dominante dans les cahiers des charges. Les consommateurs ne sont pas les seuls responsables de ces choix monotones. Ces variétés ont souvent été les seules possibilités qu’offraient les pépiniéristes en matière de haies.

On constate les mêmes dérives au niveau de l’aménagement public. Pour les professionnels, les seuls impératifs sont la pousse rapide, le fort pouvoir occultant et l’entretien industrialisé. Le recours à des espèces exotiques, souvent utilisées à contre-emploi, présente des avantages apparents :- elles sont adaptées à tous les sols, elles poussent rapidement, on obtient un résultat homogène.

Cette logique productiviste présente de nombreux inconvénients.

Pourquoi il faut bannir les haies monospécifiques

Il faut savoir que la plupart de ces essences mises à profit pour construire nos grands murs verts ne sont pas utilisées à bon escient. Outre le fait que certaines essences sont exotiques et/ou invasives (bambou), ces arbres sont utilisés dans la haie à contre-emploi. En les taillant, on impose à ces arbres une nanification qui va à l’encontre de leur port naturel, d’où l’apparition (notamment sur les résineux) de maladies cryptogamiques dues entre autre aux cicatrices de taille.

Un coût d’exploitation largement supérieur

D’un point de vue économique, les haies monospécifiques présentent une espérance de vie à la plantation bien inférieure à une haie mélangée ; elles sont facilement décimées par de nombreuses maladies. Tout au long de sa vie, le coût d’entretien de la haie monospécifique sera supérieur, produisant également une plus grande quantité de déchets à recycler, pour des bénéfices écosytémiques très réduits.

Un espace naturel fragile et peu durable

La propagation de ces maladies est accrue par le fait que ces arbres sont souvent des clones et qu’ils sont plantés à une densité élevée. En tant qu’écosystème, la haie  de monoculture est un espace naturel artificiel qui est fragile et peu durable notamment vis à vis des insectes ravageurs et des champignons. Sa densité excessive empêche la pénétration des UV, indispensable à l’équilibre biologique, facilitant l’installation de maladies cryptogamiques.

La cas du Thuya plicata ‘Atrovirens’a été lasolution “miracle”pour constituer une haie compacte, croissance rapide , bupreste exotiques, souvent utilisées à contre-emploi, présente des avantages apparents. Leur avantage devient très vite un inconvénient : la pousse rapide de ces essences (thuyas, cyprès en tête) nécessite de nombreuses tailles qui produisent de gros volumes de déchets difficilement compostables.

Pauvre en biodiversité

D’un point de vue écologique, la haie monospéficique présente l’inconvénient d’appauvrir le sol par acidification et de constituer un refuge très médiocre pour la biodiversité. Si ces haies contractent plus facilement des maladies, c’est également parce qu’elles sont pauvres en biodiversité.. Elle contribuera souvent à la propagation d’espèces exotiques et/ou invasives, dénaturant notre environnement et contribuant à la perte de typicité de nos paysages locaux.

Pas d’effet brise-vent

Une autre bonne raison de préférer les haies mélangées aux haies monospécifiques est liée à la fonction de brise-vent. La taille de formation empêche la haie monospécifique de jouer le rôle de brise vent. La taille en rectangle notamment réduit la capacité de la haie à piéger le vent. En effet comme sur un mur, le vent aura tendance à rebondir ou à passer au dessus sans être stoppé.

Plaidoyer pour la haie mélangée

En résumé La haie mélangée occulte de manière plus naturelle, par la présence de rameaux enchevêtrés et d’essences à feuilles sempervirents mais aussi persistantes. La haie mélangée est plus saine Le recours à des espèces  locales et bien adaptées au milieu, renouvellera le stock de biodiversité végétale et donne un résultat beaucoup plus vivant.. La haie mélangée est plus durable de par sa résistance aux insectes aux maladies et aux champignons. Elle offre à la biodiversité un espace pour se développer. L’ensemble des déchets végétaux sont recyclables. La taille des jeunes rameaux et les feuilles mortes sont réutilisables et composables. Et la haie mélangée est un coupe vent plus efficace quand elle est laissé libre en taille raisonné (en respectant le port naturel de l’arbre ou de l’arbuste au maximum).

Contrairement aux haies monospecifiques taillées en formation rectangle de façon linéaire morne et monotone la haie mélangée en taille raisonnée présente un aspect visuel agréable d’aménité indéniable. Les formes, les couleurs et les oiseaux qui sont attirés par les haies mélangées offre à première vue au regard une activité ludique et réjouissante.

Illustration Logan Zillmer. The Traveler


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